25 avril 2018

JEAN-XAVIER BUREAU DE PUSY

Troisième Préfet de l'ALLIER
2 novembre 1801-30 juillet 1802



Continuons notre étude sur les Préfets du département de l'Allier...pour ceux des élus qui regrettent actuellement que les préfets restent peu de temps, vous constaterez qu'au début du 19e siècle, ils se succédaient rapidement.
 Jean-Xavier BUREAU de PUSY qui officiera en qualité de 3e préfet de l'ALLIER ne déroge pa à cette règle.
Il arrive à Moulins dans l'Hôtel Préfectoral (Hôtel d'Ansac)le 6 décembre 1801.
Jean-Xavier Bureau de Pusy, est né le 7 avril 1750 à Port sur Saône et mort le 2 février 1806 à Gênes en Italie.
Il est ingénieur militaire  de formation puis homme politique, il exerça son activité pendant la période de la Révolution.
Sa demeure en Haute-Saône était le château de PUSY situé à 5 kilomètres de Vesoul.
(Photo A J B)

Il est le fils de Jean-Baptiste Bureau de Pusy de Port-sur-Saône, conseiller correcteur de la Chambre des comptes de Franche-Comté, et petit-fils de Pierre-François Choullat.
Entré, le 1er janvier 1771, à l'École du génie en qualité de lieutenant en second, il est ingénieur militaire au Fort de Joux en 1786, puis capitaine au corps royal du génie en 1789.
Il fut élu, le 11 avril 1789, député de la noblesse aux États généraux par le bailliage d'Amont. Il se fit remarquer parmi les partisans les plus modérés des réformes promises ou espérées, tout en soutenant le pouvoir royal qui lui paraissait la plus sûre garantie de l'ordre et de la liberté. Membre de la plupart des comités, militaire, diplomatique, colonial, des finances, etc., il coopéra très activement à la nouvelle division territoriale de la France, combattit l'aliénation des biens du clergé et montra les dangers des restrictions imposées à l'autorité du roi sur l'armée.
Il fut, par trois fois, nommé président de l'Assemblée constituante, du 2 au 24 février 1790, du 11 au 25 septembre 1790 et du 24 mai au 6 juin 1791. Le 4 février 1790, il avait, en cette qualité, à répondre à un discours du roi ; il fallait ménager à la fois la majesté du trône et les susceptibilités de la représentation nationale ; Bureaux de Puzy sut, à force de tact et avec un sentiment parfait des convenances, satisfaire à la fois et la cour et l'Assemblée.
Après la session, il reprit son service de capitaine du génie, et continua à défendre les principes constitutionnels. Mandé, à ce sujet à la barre de l'Assemblée législative, il se justifia avec autant de sincérité que de dignité ; la 1re janvier 1792, Louis XVI lui donna la croix de Saint-Louis. Mais les événements se précipitaient ; l'Assemblée avait prononcé la déchéance du roi, et on exigeait de l'armée de nouveaux serments : Bureaux de Pusy résolut d'émigrer en Amérique, et partit avec Lafayette, Latour-Maubourg et Lameth. À peine hors de France, il fut arrêté avec sa femme et ses compagnons par les troupes autrichiennes, et jeté dans les cachots d'Olmütz, où il resta cinq ans.
En 1797, Bonaparte, vainqueur des Autrichiens, exigea, aux négociations d'Udine, et sur l'ordre exprès du Directoire, la délivrance des prisonniers d'Olmütz ; le 29 septembre, cinq ans et un mois après leur arrestation, Bureaux de Puzy, sa femme et les autres furent délivrés et conduits à Hambourg. De là, Bureaux de Puzy passa aux États-Unis, où il reçut un accueil chaleureux comme compagnon d'infortune de Lafayette. On lui offrit de vaste, concessions de terrain sur les rives de la Delaware, mais il n'avait pas renoncé à revenir en France, et, lorsque le gouvernement consulaire eut, après le coup d'État du 18 brumaire, rayé de la liste des émigrés les membres de l'Assemblée constituante qui avaient reconnu la souveraineté du peuple, il s'empressa de l'entrer, et reprit ses biens invendus.
Le 11 brumaire au X, le Premier Consul l'appela à la Préfecture de l'Allier, puis, le 11 thermidor de la même année, à celle du Rhône ; il y fit preuve d'un esprit très conciliant, et s'y montra administrateur habile.
Commandeur de la Légion d'honneur, du 25 prairial an XII, il fut nommé préfet de Gênes le 15 messidor an XIII ; il eut à réprimer une émeute des Parmesans, et put, sans verser une goutte de sang, pacifier les campagnes génoises, en haranguant lui-même les mécontents. Son succès fut complet, mais il l'apporta de cette expédition les germes de la maladie qui l'emporta quelques mois après.

Son fils, Maurice, sera député de l'Allier en 1835, 1842, 1846 et Commissaire du Gouvernement de l'allier en 1848.


Jean-Xavier Bureaux de Pusy est surtout connu pour le découpage de la France en 83 départements à l’époque. Un timbre lui est consacré en 1990 à l’occasion du bicentenaire de la création des départements français.


LES DOCUMENTS:
Toujours puisés de ma collection, ces documents d'époque montrent l'importante correspondance qui était entretenue avec les élus et en particulier les maires des communes de l'Allier.
Les lettres présentées sont adressées au Maire de la commune de Château-sur-Allier.
Avant tout, ce premier document en date du 3 février 1802 est un de ceux qui furent à remplir dès l'arrivée du préfet. Il est adressé au dos au Citoyen Préfet du Haut-Rhin. Il lui permet de vérifier l'authenticité des pièces qui émanent de la Préfecture de l'Allier et qui sont signées par le Préfet et son Secrétaire Général (Pierre LUYLIER, pour sa biographie, voir l'article précédent qui concerne le préfet DIDELOT).
(Collection J.CORNIEUX)


Détails de la superbe vignette d'en-tête.

La lettre en dessous, émane de la sous-préfecture de Moulins comme indiqué en haut à gauche:
Bureaux de la Sous-préfecture".

 Il est important de signaler que de 1811 à 1815, il y a près du préfet de chaque département un Auditeur au Conseil d'Etat qui à le titre et les fonctions de Sous-préfet de l'arrondissement.
Ce qui  porte à 4 le nombre de Sous-préfectures: Lapalisse, Gannat, Montluçon, Moulins.
Cette dernière (Moulins) sera supprimée par l'ordonnance du 20 décembre 1815. Elle n'aura eu qu'une existence éphémère. 

Les Sous-préfets de l'arrondissement de Moulins sont durant cette période:

- Janvier 1811: Guillaume Barbat du Closel
- Avril 1813: Philippe Pallavicini
- Juillet 1814: Auguste de Pons
- Avril 1815: Jean François Burelle
- Juin 1815: Clément Delaage
- Juillet 1815: Auguste de Pons

Elle date du 28 avril 1802 et est signée (signature autographe) par le Préfet Bureau de Pusy qui signe JX Bureau-Pusy et nomme les répartiteurs pour la commune de Château-sur-Allier.

Les répartiteurs sont nommés dans chaque commune pour la répartition des contributions directes, qui les consigneront sur un registre à ce destiné, le tout à l'intervention, autant que possible, des contrôleurs des contributions directes, chargés de diriger toutes leurs opérations.

 Lettre autographe du préfet Bureaux de Pusy en date du 8 floréal An X (28 avril 1802).(Coll.J.Cornieux)

Diverses circulaires avec signatures directement imprimées:

(Collection J.CORNIEUX)


Lettres avec signature par "griffe"(tampon) elle dat du 6 août 1802:

 (Collection J.CORNIEUX)

Ci-dessous, ce très interessant document... Il date du 19 nivôse An X, soit du 9 janvier 1802. Il s'agit d'un "bon de roulage"qui nous informe de la livraison au Citoyen Préfet de l’Allier (J.X Bureau de Pusy à cette date, pour mémoire il n'est arrivé à Moulins que depuis le 9 décembre) "d'une caisse cordée contenant un fourneau et une presse à bascule avec leur poinçons destinée à marquer les nouvelles mesures de la république et deux séries de carafes de verre" 
C'est le 22 juin 1799, que la longueur du mètre te le poids du kilogramme sont définitivement arrêtés. 
Mais c'est un travail de longue haleine pour l'application des nouvelles unités de poids et mesures qui remplacent celles de l'Ancien Régime et dans l'Allier ce n'est qu'en 1802 que ces mesures seront définitivement fixées.
Ce document est donc d'un grand intérêt historique...

12 avril 2018

Le Préfet François Charles Luce DIDELOT
Deuxième Préfet de l'ALLIER
23 janvier 1801- 02 novembre 1801

Armoiries de François DIDELOT

Toujours issus de mes archives personnelles, je vous présente de rares documents relatifs au second préfet de l'Allier. Rares car François Charles Luce DIDELOT n'est resté que 10 mois à la tête de notre département, dont seulement 7 mois effectifs! 

C’est à Paris (St-Eustache) le 29 mars 1769 qu'est né le Baron François Charles Luce DIDELOT de Jean-François DIDELOT, Fermier Général et d'Anne de la PIERRE.

En 1786, il est régisseur général adjoint de son père , Jean-François Didelot, fermier général.
Il devient inspecteur principal, gérant de la manufacture de tabac du Gros-Caillou dans le 7e arrondissement de Paris le 27 octobre 1795.
Il est nommé Préfet du Finistère le 04 avril 1800. Il y fait poursuivre les Chouans assassins de l'Evêque  constitutionnel AUDREIN.

Le 10 janvier 1801, le préfet DIDELOT est lui-même attaqué par des chouans et perd un gendarme de son escorte.
Le 23 janvier 1801, il est nommé Préfet de l'Allier avant, en novembre de la même année 1801, de faire partie des quatre premiers Préfets du Palais  Consulaire de la Malmaison ; il reste dans cette fonction jusqu'en octobre 1802. En octobre 1802, tout en gardant son rang de préfet du palais, il est nommé Ministre Plénipotentiaire à STUTTGART près l'Electeur du Wurtemberg, puis ambassadeur au Danemark en 1807 et Chambellan de l'Empereur le 15 décembre 1811. 
Commandeur de la Légion d'Honneur le 14 juin 1804.
Il est nommé Baron d'Empire le 30 août 1811.
Il est ensuite Préfet du Cher le 12 mars 1813, maintenu sous la Première Restauration,Préfet de la Dordogne le 6 avril 1815 durant les Cents-Jours. Révoqué sous la Seconde Restauration, retiré pendant quelques années de de la vie publique, il est nommé le 24 février 1819 Préfet de l'Aude. Sa dernière nomination est celui de Préfet de la Charente le 19 juillet 1820, mais il est non-acceptant. Il cesse ses fonctions de préfet de l'Aude très peu de temps après.Il décedera le à Passy le 1er novembre 1850.


Bulletin des lois de la République N°66 du 22 janvier 1801:

Bonaparte Premier Consul nomme le Citoyen DIDELOT Préfet du département du Finistère, Prefet de l'ALLIER en remplacement du Citoyen HUGUET appelé à d'autres fonctions.

Il n'arrivera à MOULINS que 29 avril 1801....

(Collection J.CORNIEUX)

Un document particulièrement rare...Le 22 mai 1801( 2 Prairial an IX) le tout nouveau préfet de l'Allier remplit comme il se doit la fiche  adressée aux Préfets des autres départements, sur laquel il apposera lui et son Secrétaire Général, sa signature autographe, sa griffe (tampon) et le Timbre ( sceau) de la Préfecture de l'Allier.Ce document que tous les préfets remplissent sert à authentifier les pièces rédigées par chacun. 

(Collection Jerôme CORNIEUX)

Le Secrétaire Général est Pierre LUYLIER (du PLAIX) né le 10 mars 1756 à MEAULNE dans l'ALLIER. Son père était Lieutenant de la maîtrise royale des Eaux et Forêts à CERILLY.
il exerce ses fonctions de Secrétaire Général de Préfecture depuis le 5 mai 1801, donc depuis quelques jours, car le document date du 22 du même mois. Il y restera jusqu'au 20 août 1802. LUYLLIER est un agent secret à la solde des Bourbons....Il était en jusqu'en 1790 administrateur du directoire du district de Cérilly, puis administrateur du Directoire du département et procureur syndic à MOULINS.
Il sera fait chevalier de la Légion d'Honneur par ordonnance royale du 15 janvier 1815.


Et enfin cette très belle lettre portant la signature autographe du Préfet DIDELOT.....Elle est adressée au Citoyen RONDEPIERRE au sujet de l'acquisition d'un bien au titre des Domaines Nationaux de l'Eglise vendus dès novembre 1789. Elle date du 24 juillet 1801.
Elle porte en marge une annotation successorale postérieure (4 janvier 1806) de FALLIER Notaire à Souvigny. 

(Collection J.CORNIEUX)

Ces deux derniers documents portent comme sous l'Ancien Régime des vignettes en-tête.
Cette particularité qui se rencontre encore sous l'Empire va se perdre quelques années plus tard...
Les deux superbes sujets sont ici à connotation révolutionnaire....La Révolution n'a eu lieu que depuis 12 ans et cette symbolique reste omniprésente sur les documents administratifs en particulier.




Le premier Timbre de la Préfecture de l'Allier....Au bas "DEPT DE L ALLIER"
La encore la référence révolutionnaire est nette  et s'inspire avant tout de la symbolique antique romaine.
Une femme drapée à l'antique symbolisant la nouvelle Première République est armée d'une pique (arme révolutionnaire par excellence)  surmontée du fameux bonnet phrygien(coiffure des esclaves affranchis de l'empire Romain). De l'autre main elle tient un faisceau de licteur (là encore d'origine romaine) symbole de l'unité et de la force française.
On note la devise LIBERTÉ-UNION-ÉGALITÉ; la devise LIBERTÉ-ÉGALITÉ -FRATERNITÉ ne devenant officielle qu'en... 1848!



La République par Jean-Antoine GROS 1794