14 novembre 2010

LE CORPS PREFECTORAL DE L'ALLIER

1939-1945

En juillet 1940 le Corps Préfectoral bourbonnais comprend:

- Le Préfet Louis ADAM, en poste depuis 1934. 
- Le secrétaire Général SIRVENT.
 - Le Sous-Préfet de Montluçon Lucien PORTE.
- Le Sous-Préfet de Lapalisse AUBIGNAT, précédemment Conseiller de préfecture à Clermont-Ferrand.(qui remplace  VERNAY mobilisé)

A la suite de la coupure du département par la ligne de démarcation, Lucien PORTE est chargé des fonctions de préfet pour la zone non-occupée. 2/3 de la ville étant occupée, seul le quartier de la Madeleine se touve en zone libre, le Pont Régemortes et la rivière Allier faisant office de séparation.

Moulins: Poste de contrôle allemand à l'entrée du Pont Régemortes, pour la zone occupée.

Bloqué à Moulins, et occupé seulement par 4 cantons, le Préfet ADAM, ne nourrit guère d'illusion sur son sort...Le 17 septembre 1940, il est relevé de ses fonctions. Il est avec surprise, mis au courant par la radio, avant la nomination au Journal Officiel!

Son successeur n'est autre que Lucien PORTE.

Dès octobre 1940, les services préfectoraux de la zone libre, sont installés dans les anciennes casernes du Quartier Villars à la Madeleine, sous la direction d'un chef de division et pourvu d'un échelon du cabinet. Donnant l'exemple de l'austérité, le Préfet L.PORTE, fait la navette chaque jour, à vélo, entre ses deux prefectures.

Cachet du cabinet du Préfet de l'Allier période Etat Français.(Coll.J.Cornieux)

Télégramme officiel de la Préfecture Moulins-La Madeleine (zone libre) daté du 26 avril 1944 et signé du chef de division.(Coll.J.Cornieux)




Télégramme officiel de la Prefecture de Moulins (zone occupée) daté du 20 avril 1944 et signé par le Secrétaire Général SIRVENT.(Coll.J.Cornieux) 


Magazine La Semaine Hebdomadaire Illustrée du 15 janvier 1942.
Un article est consacré à la ligne de démarcation, on voit ici le Préfet L.PORTE traversant le pont Régemortes à vélo. La légende indique qu'il à droit aux honneurs militaires de la Wehrmacht!!!(Coll.J.Cornieux)


Le Préfet Porte en déplacement.
(Coll.J.Cornieux)


 Ausweiss et carte de circulation pour passer la ligne de démarcation du Sous-Préfet Emile MALJEAN (Coll.J.Cornieux)

Le Maréchal PETAIN en visite à Montluçon le 1er mai 1941; Il est accompagné de l'Amiral DARLAN et du Général LAURE et a sa gauche Raoul MECHAIN le Maire de la ville.
A gauche le Préfet de l'Allier L.PORTE, au troisième plan, (derrière DARLAN) le Sous-Préfet de Montluçon, Lucien MARCHAIS.
En fond, des petites bourbonnaises, habillées en bleu, blanc et rouge.
(Coll.J.Cornieux)


Le préfet L.PORTE est né le 7 juin 1895 dans le Béarn, à Bielle (Basses-Pyrenées), d'un père notaire. Après des études de droit (licence), il part pour le front en tant qu'engagé volontaire pour la durée de la guerre.Il sera mobilisé du 28 septembre 1914 au 30 octobre 1919. Il sera lieutenant de réserve et obtiendra la Croix de Guerre.
Il arrive à Montluçon comme sous-préfet à titre temporaire en mai 1940. Le 5 juillet 1940, il est chargé des fonctions de Préfet pour la zone  non-occupée du département de l'Allier. En septembre il est nommé préfet du département pour les deux zones.
Il part pour la Sarthe en 1943, arrêté et incarcéré à Angers à la Libération, il sera traduit devant la haute cour de justice de Bourgesle 2 octobre 1946 , acquitté par celle d'Amiens en 1948.Le 25 aout 1948, il sera mis en retraite d'office et révoqué sans traitement.
 
Cachet de la Préfecture de l'Allier période Etat Français.(Coll.J.Cornieux)

En mars 1943, son successeur sera Marcel PICOT. Né à Rennes le 18 octobre 1897, il obtiendra une licence en droit.Mobilisé en 1916, il finira capitaine de reserve en 1919. après une courte carrière d'avocat, il entre en préfectorale. Il remplace L.PORTE en mars 1943. Il sera suspendu de ses fonctions le 2 septembre 1944 par le Commissaire de la République de Clermont-Ferrand. Sa nomination de Préfet sera annulée. Sa mise en retraite d'office sera annulée et il sera reintégré en qualité de préfet en 1959.
 
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A Lapalisse, Pierre MARAGE né à Orléansville le 7 septembre 1890, est nommé au poste de Sous-Préfet depuis octobre 1940;
Cet officier, est Lieutenant-Colonel d'atillerie en congé d'armistice quant arrive sa nomination.
Il restera en poste jusqu'à ce qu'un arrêté en date du 28 aout 1941, promulgue Vichy chef-lieu d'arrondissement.
 
Deux documents de mars 1941, signés du Lieutenant-Colonel MARAGE, adréssés aux Maires de l'arrondissement, concernant l'achat du calendrier dédié au Maréchal PETAIN.
(Coll.J.Cornieux)
 
Le 2 janvier 1945, sa nomination de sous-préfet sera annulée, et il sera radié des cadres de l'armée.
 
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Cachet de la sous-Préfecture de VICHY durant l'Etat Français. (Coll.J.Cornieux)

Vichy devenant sous-préfecture en août 1941, trois sous-préfets vont se succéder: TREMEAUD, MAYMAT , GUILHAUME.

Henry TREMAUD, né à Cessy dans l'Ain le 25 septembre 1901. Docteur en droit et avocat au barreau de Paris dans les années 30. Sous-Préfet de Vichy en octobre 42, il sera nomé Préfet de la Haute Savoie en avril 1943.Dès cette période, il sera engagé auprès des FFC (forces françaises combattantes), il sera arrêté par les Allemands en novembre 1943, il s'évadera le 4 janvier 1944.
Il sera en 1951, directeur adjoint du Haut Commissaire des Nations Unies, puis finira détaché au Ministère des Affaires Etragères à Monaco en 1961.

Louis MAYMAT, né à Pionsat (Puy de Dôme) le 14 septembre 1904. Licence en droit en 1928. Il arrive dans l'Allier comme Sous-Préfet de Montluçon en juillet 1942. En mai 1943, il devient Sous-Préfet de Vichy. Préfet du Cantal, il sera suspendu de ses fonctions par le Commissaire de la République de Clermont-Ferrand en août 1944. Retraite en 1946 avec demi traitement.

Photo de presse d'époque (agence Trempus/Vichy). Le Sous-Préfet MAYMAT lors de la campagne d'hiver du Secours National.
(Coll.J.Cornieux)

GUILHAUME, dernier des sous-prefets de cette période à Vichy, a fait montre de dignité personnelle et d'honnêteté civique; Il avait pris part sous les hospices du Ministre Suisse STUCKI, à la transmission des ses pouvoirs.

A droite le Sous-préfet de Vichy, GUILHAUME le jour des obsèques de J.Péricard le 31 mars 1944 à Vichy. 

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A Montluçon, quatre Sous-Préfets se succédèrent: MARCHAIS, MAYMAT, LALANE et FEA.

Lucien MARCHAIS, né à St-Yrieix-la-Perche (haute-Vienne), le 9 novembre 1899. Mobilisé d'avril 1918 à avril 1921; Licence de droit en 1926. Après divers poste de sous-préfet, il est nommé à Montluçon Sous-Préfet par interim le 1er novembre 1940, puis definitivement le 21 du même mois. il sera par la suite intendant de police à Lyon, à la disposition du Secrétaire Géneral de la police (BOUSQUET), et prefet de l'Aude. Suspendu de ses fonctions par le Commissaire de la République, Il finira directeur du centre hospitalier d'Angers en 1956.

Louis MAYMAT. (voir Sous-préfecture de Vichy)


Jean LALANE, né à Albi le 1er décembre 1899, d'un père officier. Fac de lettres à Clermont-Ferrand. Entre dan sla préfectoral en 1925, comme chef de cabinet du Préfet de la Corrèze.
 Il arrive à Montluçon en mai 1943. préfet du Territoire de Belfort, ils era suspendu de ses fonctions le 1er fevreir 1945; Rétrogradé Sous-préfet.Mis en retraite sans traitement en 1946. Il finira attaché au secrétariat général des Galerie Lafayettes en 1967.


FEA, dernier Sous-Préfet, comme son homologue vichyssois, fera sa passation de pouvoir à la Résistance sans aucun problème. Il sera nullement inquiété par la commission d'épuration de l'Allier.

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Bibliographie et sources:

- Dictionnaire biographique des Préfets. Paris Archives Nationales 1994.
- Histoire des Préfets. Pierre Henry. Nouvelles editions latines 1950.
- Le département de l'Allier sous l'Etat Français 1940/1944. G.Rougeron.1969.
- L'épuration en Allier 1943/1946. G.Rougeron.1982.
- Archives personnelles de l'auteur.

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22 septembre 2010

LES JOURNEES DU PATRIMOINE DES 18 & 19 SEPTEMBRE 2010
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Pour la deuxième fois consécutive, la Villa de Monsieur le Sous-Préfet de Vichy a été l'écrin magnifique d'une exposition retraçant 200 ans d'histoire du Coprs Préfectoral!
Archives, uniformes, objets relatifs à cette veritable institution, ont enchantés le public. Les nombreux visiteurs, cette année encore, sont venus admirer cette belle résidence et la collection exposée.
Encore une fois un succès!

Un préfet en grande tenue modele 1873 accueille le public dans l'entrée de la résidence "la Villa".(Coll.J.Cornieux)

Vue d'ensemble

Une autre grande tenue 1873 et quelques coiffures....



Les tenues 1er Empire et Monarchie de Juillet....

Documents 1er Empire sur le départememnt de l'Allier...

Des coiffures II Empire: Conseillers, Prefet...carton d'invatation du Baron Hausseman.

Cette année, était mis à l'honneur le Préfet Louis LEPINE, choisit pour avoir été sous-préfet de LAPALISSE de 1877 à 1879....

Reconstitution de son bureau et de son uniformes...


Ses souvenirs écrits en 1929....


Le public attentif...

La visite virtuelle....

Corps prefectoral, exposition journées du patrimoine 2010
envoyé par joelleMR. - L'info video en direct.


13 mai 2010

les uniformes du Corps préfectoral:

LA TENUE BLANCHE :

De nos jours, la tenue blanche est encore portée dans les territoires et départements d'Outre Mer ainsi que dans les départements du sud de la France.
Il semble que cette tenue ai été portée avant un règlement régissant son port, comme pour le kepi, le coté pratique a devancé le règlement.


Ce document de 1942, déja publié dans un autre article, nous montre le préfet régional J.ROUSSILLON en veste blanche (mais pantalon noir), avec les insignes de son grade, portés en réduction sur ses bas de manches au lieu des manchettes circulaires entierement brodées; Le sous-préfet à sa droite arbore les mêmes insignes, pratique que l'on rencontre sur le port de la "petite tenue" (Coll.J.Cornieux)


Tenue blanche complete du Prefet VIRENQUE, préfet de Mostaganem de 1956 à 1959, les insignes en réduction sont ici, bien visibles.(Coll.J.Cornieux)

1956: De gauche à droite: Le préfet d'Oran, le Maire et le sous-préfet.


Détails de l'insigne de manche reduit pour le gra
de de préfet.



Détails de la casquette.L'interieur est doublé sur le devant, de velours noir. Le couvre plateau est amovible en toile fine blanche. Deux boutons-pression sur le devant permettent le maintient de l'insigne. Fabrication très soignée de chez Lussan-Roque à Paris vers 1956.



Le Préfet VIRENQUE completait sa tenue d'un casque colonial blanc de fabrication civile (étiquette interieure d'Hanoï) agrémenté de l'insigne de coiffure réglementaire!


 Je vais profiter des archives photographiques du Sous-préfet Paul MERLE(ci-dessus)
pour illustrer cet article.

Ce fond se compose d'environ 200 photos et retrace les grands évênements de sa carrière.
P.Merle fût tout d'abord administrateur des communes Mixtes en Algerie, puis successivement Sous-préfet de Blida et Sidi-Bel-abbes.


P.Merle en tenue blanche, au centre lors de la prise d'arme du 14 juillet.



P.MERLE lors de sa prise de poste comme Sous-préfet de blida en janvier 1956. les insignes de manches reduits sont en évidence.




Le Sous-préfet MERLE à l' Elysée, il va recevoir du Président Vincent Auriol la croix de Chevalier de la Légion d'Honneur. Ce même jour, le Président de la République décorera de hautes personnalités Musulmanes d'Afrique du Nord (voir ci-dessous).

Le Président de la République remets les insignes de Grand Croix de la Légion d'Honneur.(coll.J.Cornieux)

14 juillet 1948à Sdi-Bel-Abbes, P.MERLE à la tribune des officiels.Remarquez la tenue du colonel de la Légion Etrangère, Légion stationnée dans cette même ville, il est Commandeur de la légion d'Honneur.




Cérémonie de la célébration de Camérone le 30 avril 1952, pour la circonsatance le Sous-préfet porte le très chic spencer blanc, sur lequel sont montées les décorations en réductions, comme reglementairement.



Cette photo de moyenne qualité, illustre le port de la saharienne par un sous-préfet, sorte de tunique à ceinture et à manches courtes, elle est très sayante et appréciée dans ces contrées chaudes.



Un Préfet  en saharienne.Il porte sur sa poitrine l'insigne de pilote de l'armée de l'air .(Coll.J.Cornieux)





Le préfet MACCIONI (alors préfet de la Réunion), appréciez le placard de décoration particulièrement impressionant pour un haut fonctionnaire civil!




Le Préfet J.C MARCHIANI

04 avril 2010

CAEN, UN PREFET DANS

LA TOURMENTE.

Ce nouvel article ne va pas cette fois, traiter d'uniformologie. Ce site me permet aussi de vous faire partager, au travers de mes archives, des tranches de vie, parfois dramatiques, comme celles qui vont suivre.

  Par respect et déontologie, les noms français des protagonistes figurants sur les documents originaux présentés, ont été volontairement cachés.

Ces évênements ont pour théatre, la ville de CAEN, en 1942-1943.

 Le 16 août 1942, le Préfet Michel CACAUD devient préfet du Calvados.

Le préfet Michel CACAUD

L'homme passe pour un fonctionnaire docile. Il se démarque cependant de son prédecesseur par le fait qu'i se montre un serviteur zélé du gouvernement de Vichy et un administrateur plus souple à la poilitique de collaboration avec les autorités allemandes. Cacaud améliore les rapports avec la Feldcommandantur 723 installée à Caen, à l'hotel Malherbe place Foch.

La Feldkommandantur 723 de Caen en 1942.

Six membres de la FK 723 de Caen.


Cependant, le préfet CACAUD ne se compromet pas activement dans la collaboration, administrant son département de maniere efficace, répondant aux demandes allemandes, sans jamais les devancer.Il est avant tout un homme diplomate. Il nous est très
difficile presque 70 ans après ces faits, hors du contexte de l'époque, de faire la différence entre diplomatie gouvernementale et collaboration.

Le 24 septembre 1942, la Gendarmerie Nationale arrête un camion immatriculé 9767 CT 4 appartenant à la Mairie de Caen. Lors du contôle, les gendarmes s'appercoivent que le contenu du camion est plutôt spécial...plus de 900kgs de blé remplissent l'arrier du véhicule. Au volant du camion, l'Inspecteur de salubrité de la ville de Caen, Monsieur P,  à beaucoup de peine à expliquer aux autorités la provenance de son chargement.
Les denrés alimentaires sont suffisament rares en cette période, pour que cette affaire soit des plus graves.
Les services allemands du SIPO-SD (Abréviation de Sicherheitspolizeï : police de sécurité Allemande et SD pour Sicherheitsdienst: service de sécurité du Reich ) insatallés 44, rue des Jacobins sont très rapidement informés de cette affaire par la FK 723, car ce sont les SS qui gèrent ces affaires de marché noir depuis la création de ce service en 1942.
L'équipe SS du SIPPO-SD du 44, rue des Jacobins, presque au complet. Deux absents sur la photos, MEIER le chef du service et son adjoint HEYNS. De gauche à droite : Kart Zaumzeil, Kart Melhose, Henrich Michaeliss(chauffeur), Herman Seif (assis), Maurer, Helmut Althaus, Karl Ludwig(chauffeur). Herbert von Bertholdi, Xavier Vetter (à demi caché), Käte Bustorf (interprète) et Gertrud Treiber (secrétaire)- Photo prise entre octobre 1943 et mars 1944.(Coll.J.Delarue)

 Le SIPO-SD est un service de renseignement, de police et de sécurité  en territoire occupé. C'est une branche de la SS.
Troupes Allemandes passant rue des Jacobins, devant l'hotel du SIPO-SD situé au N° 44.(Photo de G.Marie)

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Monsieur P. l'inspecteur de la salubrité de la ville est immédiatement arreté et interogé par les service du SIPO-SD.

Un rapport est transmis sans délai au Préfet CACAUD, les faits reprochés sont graves: marché noir!

Mr. P. mets en cause plusieurs membres de la Mairie de Caen, et indique même l'existance d' un élevage de poules (30 à 40) dans la cour même de la Mairie, volatiles entretenus par le concierge!

Pour les Allemands s'en est trop. Ils réclament au Préfet une punition "conforme".


Lettre originale adressée au Préfet Cacaud par MEIER chef du  SIPO-SD de Caen.(Coll.J.Cornieux)


La lettre présentée au dessus est signée du Dr.Henrich MEIER, Untersturmführer-SS (Lieutenant), chef du SIPO-SD de Caen. Policier professionnel, membre du parti Nazi à Hambourg. Il est à la tête d'une douzaine de SS. Comme la plupart des ses collègues, il porte un surnom: HENRI.

Cette affaire embarasse au plus haut point l'administration française.
Le préfet Cacaud essaie de tempérer cette affaire en expliquant que les autorités françaises ont statuées sur l'affaire et que s'en est terminé, sanction à la clef. Il s'adresse par courrier en date du 15 janvier 43 à MEIER, chef du SIPO-SD.
Lettre originale du Préfet Cacaud à l'Untersturmführer-SS Meier (Coll.J.Cornieux). Il y rappelle que selon les accords passés en août 1942 entre le général SS OBERG (commandant supérieur des SS en France) et la police Française (Secretaire Général BOUSQUET) , les coupables, ressortissants Français, serons punis par la justice et les autorités Françaises et non par l'occupant Allemand.


Lettre réponse du cabinet du Chef du Gouvernement (P.Laval)suite à l'information de cette affaire faite par le préfet Cacaud au Gouvernement.

Dans cette autre lettre, Meier demande l'audition d'autres temoins dans cette affaire.(Coll.J.Cornieux)


Lettre annonçant la sanction des autorités Françaises signée Cacaud: Suspension de 6 mois sans traitement, sans préjudices des sanctions plus graves succeptibles d'intervenir.(Coll.J.Cornieux)

Lettres( à droite le manuscrit du préfet et à gauche la note dactylographiée) du prefet Cacaud au directeur des contribution indirectes concernant la sanction.(Coll.J.Cornieux)

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Durant la même fin d'année 42, une autre affaire de marché noir entache la Mairie de Caen;
Cette fois ci, c'est un adjoint au Maire, Monsieur L. qui se livre au trafic de denrées diverses telles que du sucre, café, tabac...
Un gros stock de l'intendance française resté sur place à Caen, après la débacle de 1940, à servi à ce trafic.
Le préfet CACAUD, avait , à l'époque, "arrondi les angles" avec la Felkommandantur 723, avec laquelle il entretien, comme déjà dit, de bons rapports. Il avait fait en sorte qu'en compensation, une importante quantité de sucre devienne propriété de l'armée Allemande. Il faut bien rappeler ici,  la rareté de ces denrées à cette époque et ce que cela représente comme "sacrifice"!
Mais pour les SS du SIPO-SD, arrivés en 1942,  l'affaire n'est pas close, de plus le marché noir s'intensifie, la pénurie de toutes denrées alimentaires y étant pour quelque chose, les grandes villes souffrent cruellement du manque d'alimentation. Les personnes à l'origine de cette affaire seront arretées et interogées par les service de la Gestapo.

 Le prefet régional André PARMENTIER, à Rouen, prend la decision d'informer les autorités supérieures Allemandes. Il va contacter l'Haupsturmführer-SS DAUBER, Und Kommandeur der
Sicherheitpolizeï, Chef régional du SIPO-SD de la region de Rouen.
En fait ce qui dérange les autorités Françaises c'est que la SS du SIPO-SD, veut prendre en charge ces dossiers de marché noir et décider seule des suites à rendre.
Les autorités Françaises se sentent discréditées!

Lettre du Préfet régional PARMENTIER au SS-Hauptstrumfürher DAUBER chef du SIPO-SD de Rouen.(Coll.J.Cornieux)

Directives du Préfet régional André PARMENTIER au Préfet CACAUD concernant cette affaire.(Coll.J.Cornieux)


Le Préfet Cacaud contacte une nouvelle fois sa hiérarchie pour connaitre ses directives.
Le 26 janvier 1943, il envoie une lettre (voir ci-dessous) au Conseiller d'Etat, Secrétaire Général pour la police à Vichy. Le destinataire n'est autre que...René BOUSQUET! Il demande que seules les autorités Françaises jugent et s'occupent de ce dossier, selon les accords passés entre la SS d'OBERG et la police Française.

R.BOUSQUET(en manteau à col de fourrure) secrétaire général de la police, en visite à Marseille, entouré d'officiers supérieurs Allemands (de la Polizeï, de la Waffen-SS...)

Le Gruppenführer-SS (Général de division) Karl OBERG en conversation avec P.LAVAL. Il est le chef suprême de la SS et de la police Allemande en France depuis le 5 mai 1942. Son bureau se trouve au 57 boulevard Lannes à Paris.

Lettre originale du préfet Cacaud au Secrétaire Général de la police R.BOUSQUET. Il évoque les accords Bousquet/Oberg d'août 42 (Coll.J.Cornieux)

Le Préfet CACAUD aura sa réponse du Ministère de l'Interieur, la lettre ci-dessous lui indique que le Ministre Secrétaire d'Etat à l'Interieur a demandé à INGRAND, Préfet, directeur de l'administration départementale et communale, puis représentant du Ministre de l'Interieur pour les terrtoires occupés, qu'il s'entretienne avec le Dr.SS-Oberführer KUPPLER du SIPO-SD de Paris, pour que l'administration Française soit la seule à gérer ces affaires.


Réponse du ministère au Préfet CACAUD.(Coll.J.Cornieux)

Le préfet Jean-Pierre INGRAND. A la suite d'un mandat d'arrêt lancé contre lui en 1945, il s'enfuit en Suisse puis en Argentine. Il fini directeur de la banque de Paris et des Pays Bas de ce pays, et président de l'Alliance Française à Buenos-Aires, poste occupé jusqu'en 1992, année de sa mort!

Le SS-Oberführer (colonel) Dr.KUPPLER chef du SIPO-SD de Paris. Il occupe ce poste suite à une maladie, il a une tumeur au cerveau, il demande en 44, à retourner sur le front, il sera nommé SS-Brigadeführer (Général) et participera aux grandes batailles de Normandie, à la tête de la IIIeme Panzer-SS. Il mourra en 1966 à Hambourg en Allemagne.

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Sans réponse des autorités Françaises, les SS pressent le Préfet pour avoir copie des dossiers et enquêtes sur cette nouvelle affaire. La lettre ci-dessous adressée au Préfet Cacaud, indique que les dossiers doivent être transmis aux service du SIPO-SD pour le 13 janvier 1943, avec menace d'intervention des autorités supérieures.

Lette originale adressée au Préfet Cacaud par l'adjoint de Meier, l'Hauptcharführer-SS (adjudant)Docteur Harald HEYNS. Notez la mention manuscrite soulignée: "Eilt sehr" qui signifie" se dépêcher". Au dessous de la signature de HEYNS, la metion "le chef de service adjoint"(Coll.J.Cornieux )


H.HEYNS.Photo collection J.Delarue

H.Heyns dit  "Bernard" est docteur en philosophie, ancien employé d'une firme de Magdebourg, il est agée d'une trentaine d'année et est le type du parfait Aryen. Il parle couramment français. Il va jusqu'à s'enticher dès fin 1942 d'une Françaises, fille d'un assureur de Caen et de sa bonne: Marie-Clothilde de COMBIENS (née LECOUTURIER).


Marie-Clothilde de COMBIENS(née LECOUTURIER), son père et ses "amis"(photo Résistance et Mémoire)

HEYNS va mener une chasse impitoyable à la resistance avec une bande d'auxilliaire Français à sa solde.En 1943 il prendra la tête du SIPO-SD, après le départ de MEIER. Au matin du 6 juin 44, il fera fusiller 80 prisonniers internés à la maison d'arrêt de Caen, avant de quitter Caen pour Falaise.


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EPILOGUE:

Le Préfet CACAUD sera suspendu de ses fonctions le 17 novembre 1944, sans traitement et mis en résidence surveillée, sa nomination de préfet de 1ere classe "en recompense de sa bravoure et de l'esprit de sacrifice dont il a fait preuve durant les terribles bombardements de la ville de Caen"sera annulée. Il sera mis en expectative et mis a la retraite d'office à 48 ans, le 1er juillet 1946.
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PARMENTIER, le préfet régional sera révoquéle 26 février 1945, une information judiciaire devant la haute cour de justice sera ouverte le 28 du même mois. Il sera reintégré dans ses fonctions en 1957.
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HEYNS sera capturé par les Britaniques au printemps 45 et devra être traduit devant un tribunal militaire pour avoir entre autre, fait exécuter des prisonniers Canadiens en Normandie. Durant son audience en 1948, il profite d'une demande urgente pour soulager un besoin naturel et s'echappe au nez et à la barbe de ses gardiens...nul ne le reverra!
En 1952 s'ouvre à Paris le pocès dit "de la Gestapo de Caen"; Un tribunal qui jugera...2 prisonniers SS, le chef de la  maison d'arrêt de Caen et un membre(K.LUDWIG, un chauffeur) du SIPO-SD du 44 rue des Jacobins! Tous  les autres seront jugés par contumace, ayant  tous échappés à la justice.
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Marie-Clothilde de COMBIENS (née LECOUTURIER), après avoir sur la région de Caen, dénoncé à grande échelle et même participé à des interrogatoires de resistants, va suivre son amant , dans la débâcle de l'armée allemande après juin 44, à Coblence où elle travaillera pour la Gestapo locale, à l'avance des Alliés, se faisant passer pour une déportée, elle revient en France puis va au Maroc où elle est arretée à Casablanca le 13 juillet 45!
Elle sera traduite devant la haute cour de justice du Calvados à la peine capitale, peine commuée à 20 ans de travaux forçés, elle sera mise en liberté conditionnelle en 1954.

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Les protagonistes des affaires de marché noir seront tous déportés malgré l'intervention des hautes autorités françaises auprès des services allemands. Seul Monsieur L. reviendra des camps...